Janvier 2012

Publié le par swey

Et voici, encore une fois avec retard…. Mais comme promis, nous vous donnons notre petit carnet pour le mois de Janvier. On vous avait quitté à Mindelo, ville attachante sur une île attachante, dans un archipel….  Et des gens adorables. Pourvu qu’ils le restent !

 

Pour nous, les préparatifs se terminent, plein d’eau, dernières courses, et le 3 Janvier on quitte la Marina pour mouiller dans la baie, toujours pas loin de YERATEL et juste devant GANESH, après une halte à la pompe à G.O.

Tranquillement nous passons deux jours à finir la préparation, rangements (tout doit être tenu à l’abri et calé, car en mer, ça bouge !) grattage des herbes sur la coque, préparation des voiles et du pont…

Le 4 Janvier, départ de YERATEL vers 15 heures. On salut les partants à coups de corne de brume, on photographie. On se remet à nos petits travaux, on démonte l’annexe, on la range, on vérifie un peu tout. Eve fait une grosse plâtrée riz-poulet pour quelques jours, la cuisine sera faite , le temps de s’amariner.P1050127.JPG

 

Et le 5 Janvier, c’est à notre tour, à 11 heures, en compagnie de GANESH vers le brésil et de notre ami Guy sur GAARA vers l’île de Sal. Il y a également 3 autres voiliers à sortir avec nous. Le vent souffle bien dans le canal entre les deux îles, mais ensuite, il tombe et restera faiblard jusqu’à 3heures du mat. Quelques avaries à signaler, rupture d’une manille sur l’écoute de G.V. vite changée, et pour avoir oublié de vérifier, un nœud défait en bout de corde, hop, la bosse du 3éme ris file et sort de la bôme ! Pas trop grave.  Nous avons aperçu 2 voiliers et un chalutier dans la nuit, ce seront les seuls que nous verrons jusqu’à l’arrivée, à part un cargo vers la mi-parcours. C’est quand même grand la mer !

Première nuit calme, un peu rouleur peut être. Eve subit son amarinage, allongée sur des coussins, par terre dans la coursive.  C’est la meilleure place !

 

Les jours suivants, la routine s’installe, veille à l’extérieur, pas tellement pour les bateaux qu’on pourrait rencontrer, mais plutôt pour surveiller les caprices du vent et faire marcher le SWEY au mieux. Eve somnole encore la plupart du temps, elle a du mal a se faire au roulis incessant qui rend, c’est vrai, acrobatique les opérations les plus simples : un café, méfiance ! Ouvrir un tiroir, danger !

Je dors par petits morceaux, 10 minutes, ½ heure ou une heure. Ce sont les mouvements du bateau ou les bruits qui me réveillent lors d’un changement de force du vent ou de petite rotation du vent. Le vent reste stable, en direction du moins, ce sont bien les alizées, d’Est à Nord Est. Il n’y a plus de notion jour ou nuit, je suis dehors à tout moment et dors dés que tout va. Et je me régale !

 

Et les jours commencent à s’aligner, on ne fait le point sur la carte qu’une fois par jour, à 12 heure T.U. pour reporter la position sur la carte et visualiser notre progression. Je suis un peu déçu, les moyennes sur 24 heures ne sont pas aussi importantes que je pensais : 117, 119 miles les deux premiers jours, 150 le troisième (ce sera notre maxi). Les 5èmes et 6èmes jours, plus beaucoup de vent : 98 et 70 miles ! Par la suite, le vent reviendra, pas très fort, mais nous maintiendrons une moyenne de 110 à 120 miles jusqu‘à l‘arrivée.

 

Chaque Transat a son atmosphère, son goût, ses couleurs. Celle-ci me laissera une impression de tranquillité, de marche constante et régulière. Bien sur, pour avancer, il faut être à l’écoute du vent, de la mer, du bateau. Diminuer la toile quand ça souffle trop (ça arrive de temps en temps), changer le tangon de bord quand le vent tourne un peu, essayer des combinaisons de voile. Et ça, de nuit comme de jour. Mais faire des acrobaties à l’avant, la nuit sous la pleine lune !  Un régal !  Et constater sur le speedo qu’on marche bien, 5 - 6 nœuds, que le bateau ne souffre pas (eh oui, il peut souffrir le bestiau !) ça fait plaisir !  Pendant la journée, je vous recommande de vous assoir à l’avant et regarder avancer votre coque de noix, qui avance inexorablement, tirée par ses voiles, avec deux belles moustaches blanches de chaque cotés. Et de tous les cotés, surtout le matin et le soir, les Poisons Violents (exocets) qui s’envolent. Par bandes (surtout des petits) ou solitaires (surtout des gros), on assiste à des crash au décollage ou à de beaux vols d’une centaine de mètres. Méfiance la nuit, il y a des tentatives d’atterrissage sur le pont, et il m’est arrivé d’en recevoir sur le crâne. Le matin, un petit tour de pont, et on remet à l’eau ces « mer-aviateurs »  victimes d’une erreur de vol.

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La vie à bord est un peu décousue, pas d’horaires bien fixes, le petit dej est entre 2 heures du matin et 9 heures, le déjeuner ‘’vers’’ midi et le soir, diner de préférence avant le coucher du soleil. Eve reprend vie assez vite mais se laisse encore surprendre par le roulis. La Matelotte, qui ne lisait jamais, passe son temps le nez dans les livres ! Comme quoi, la mer ouvre des horizons…

Chacun a ses occupations selon ses aspirations, et du coup, chacun aura une impression et un goût différent de la traversée. Le temps passe tranquillement, les jours s’additionnent, on n’a pas le même rapport au temps qu’à terre. De temps en temps un évènement vient rompre notre rythme, une avarie, la coryphène qu’on pêche ou la pluie qui s’invite par la descente. Mais dans l’ensemble, sans l’aide du journal de bord, je ne pourrai pas donner de détails sur cette traversée, seul reste l’impression générale, entre vent, état de la mer et avance du bateau.

 

Et le 19 ème jour de mer, vers 3 heures du matin, apparaissent les lueurs de St Barth et de Barbuda. Pour nous souhaiter bienvenue, des grains pointent leur nez et nous envoient vent et pluie. Nous ralentissons pour parer les cailloux au petit matin, et à 11 heures, nous mouillons l’ancre à St Martin, à Groot Baai, côté hollandais. Baie dédiée aux paquebots (6 chaque jour !) qui déversent leur cargaison de homards avec des navettes qui rendent désagréable le mouillage. Nous n’irons pas à terre faire les formalités, et décampons après une journée de repos vers Simson bay, toujours côté hollandais. Déception, on tombe sur Las Vegas sur mer ! Les formalités sont payantes, 40$ par semaine pour le droit de jeter son ancre, sans service associé (ni douche ni, quai pour les annexes…).  On reste 4 jours dans ce trou à fric, le temps de faire quelques provisions indispensables (vu les prix pratiqués, seulement l’indispensable…) de trouver un Internet à 10$ de l’heure et de glaner des renseignement sur le lagon intérieur.

Le 31 Janvier, nous passons le pont qui permet l’entrée au lagon (28$) en se faisant engueuler à la radio car on est trop lent ! On est suivi par un méga-yacht qui effectivement n’a pas l’air content de notre vitesse. Le temps de se planter 2 fois dans les chenaux bizarrement balisés, nous nous amarrons au quai de la pompe à essence. Il est midi, le préposé nous plante là… lunch time ! Deux heures après, plein d’eau et de G.O. faits, nous reprenons les chenaux du lagon pour aller mouiller notre ancre sous le morne Fortune, côté français, en gênant au passage un autre méga-yacht…P1050251.JPG

Nous voici en eaux françaises 7 mois après avoir quitté Toulon.

Compteur total à l’arrivée aux l’Antilles : 6.142 miles, soit 11.380 km.

 

Maintenant, on va faire de la navigation saut-de-puce qu’on va vous raconter.

Dans un mois.

 

 

Captain SWEY.

 

 

 

 

 

 

 

Hello à tous,

 

L’équipage étant bien fatigué, et pour des raisons financières que vous comprendrez un peu plus loin, le blog du petit SWEY a pris du retard, veuillez nous en excuser.

 

Nous en étions restés à la préparation du départ. Premièrement nous partons au mouillage car il va falloir faire une grande toilette de la coque qui s’est habillée de dentelles multiples et variées, et le capitaine préfère ne pas être au port pour le grand départ. Hé oui, en climat équatorial les algues prolifèrent donnant au SWEY des allures de donzelles en dentelle verte.

Ce n’est que le lendemain matin, que doudou équipé de sa combi de crapaud et grattoir en main atomisera la chevelure verte qui nous fait cortège.

Dernières courses avec Vali et Georges, il faut dépenser les derniers escudos car ils n’ont cours nulle part ailleurs. Je fais donc une réserve de chips, yaourts du Cap Vert, petites douceurs capverdiennes etc ….. De quoi tenir un siège,  sait-on jamais, s’il n’y avait plus de vent et que l’on tourne indéfiniment en plein milieu de l’Atlantique !!! Toujours mon coté scénario catastrophe qui me pourri l’existence.

Dans l’après-midi on remontera l’annexe pour la nettoyer à fond et la démonter, elle sera mise à l’abri au fin fond du SWEY, afin de ne pas nous gêner pendant la navigation.

Ce n’est que sur le coup des 15H30 que Georges, Vali et leur joyeux équipage prendront le large. Bien entendu , photo du départ et grands coups de corne de brume, salut les amis et à bientôt de l’autre coté.

 

Le grand départ pour nous sera prévu le lendemain ; la nuit se passera comme d’hab avec mes scénarios à la c …. Et si il y a du mauvais temps, et si il y a de la casse, et si je partais en barigoule au beau milieu de l’océan, et si Doudou faisait une crise cardiaque, bref, bonne nuit pour La Eve, peuplée de charmantes couillonades, mais c’est étrange je commence à m’y habituer. Décidément je crois bien que j’en ai un grain, mais ce doit être une condition nécessaire au voyage ? Il en faut bien un peu pour sortir du moule dans lequel on a été conditionné ? Ce n’est pas un hasard si j’ai fait de l’alcoologie et frisé bien souvent la psychiatrie !!!

 

Le grand départ

 

Nous levons l’ancre en même temps que Michel et Corinne de GANESH, et c’est parti mon KIKI.

Comment je vais faire ? Ca va durer plus de 15 jours. Minimum!!!

Et que ça commence avec le programme essorage doux, n’est-ce-pas Katiouchka !!! Dès qu’on est sorti du canal de Sao Vincente le vent tombe, plof ! Pétolle ! Le cauchemar du Merrien ! Et celui de la pauvre de moi aussi, car malgré qu’il n’y ai pas de vent, j’ai droit à une superbe mer croisée avec des houles résiduelles, et c’est parti, Balin Balan, je suis malade comme un chien, je resterai couchée dans la coursive toute la journée et la nuit aussi. J’ai l’impression que mon anatomie se modifie, mon estomac est remonté au niveau de mon gosier !!! Par la suite on aura des vents dans tous les sens, puis plus de vent, et en fin de nuit un vent à décorner les bœufs, je ne suis d’aucune utilité, c’est Doudou qui assume tout.

Je me sent coupable de ça, mais c’est plus fort que moi, je n’arrive toujours pas à assumer dans ces cas là !!!

Il va falloir que ça change, bon sang de bon soir !!!

 

Chapitre particulier sur la pétollle !!!

 

Mon Doudou est en temps normal un paroissien très poli, pas comme moi qui jure bien souvent comme un charretier !!!

Mais dés que Dame Pétolle pointe le bout de son nez, il se transforme, comme les Gremlins !!! Et que j’entend le chapelet de noms d’oiseaux qui démarre en trombe, putain de météo !!! Le météorologue qui comme d’hab n’a rien prévu en prend pour son grade !!! Et putain d’océan Atlantique (tiens il n’y a pas que la Merditerranée qui en prend pour son grade ?).  Même le chat ou le chien, si on en avait  un à bord y passerait. Et comme il ne reste que moi, bien entendu, je ne suis pas oubliée, mais la Eve se rebiffe, et lui dit calmement qu’il ne faudra plus critiquer sa Méditerranée natale, et toc !!! En un mot comme en cent, la pétollle c’est le cauchemar du merrien, c’est pire que la peste, il préfère mille fois force 7 quand il a le poil au vent, et que ça moutonne de toutes parts. Décidément, le merrien a de drôles de manies, peut-être bien, comme moi, un petit grain ? Houps ! Deviendrai-je un peu merrienne sur les bords ? Serait-ce la même folie douce qui m’envahit. 

 

Le Lendemain, le vent sera enfin bien établi secteur nord est de 5 à 6, et la Eve pointera le bout de son nez dehors, enfin je respire, je revis, et c’est comme ça que je vais commencer à m’habituer au Balin-Balan incessant de l’Atlantique. Il sera doux parfois, mais il peut être assez violent et inattendu, surtout quand on est en train d’essayer de faire la cuisine, de se laver, d’aller au petit coin (là il faut bien coordonner les mouvements, et hop je baisse le pantalon, et hop je m’assoie sur le trône, et ainsi de suite ….). Tout les actes de la vie quotidienne sont lents et compliqués à accomplir, le must, c’est la vaisselle voyageuse (on calcule tout de manière à en faire le moins possible, y compris le nombre de petites cuillères, (mon coté Corse !!!), émincer des oignons : on le fait assis coincé dans un coin, on prépare tout, de manière à se lever le moins possible, car bien entendu c’est toujours au moment où on va faire un pas que les vagues friponnes arrivent en salve, et enclenchent le programme essorage a fond !!! (N’est-ce-pas Katiouchka !!!). Quelque fois le capitaine m’a même vu faire la java d’un bout à l’autre du SWEY !!! J’en ai gardé encore un énorme bleu, qui continue encore à l’heure actuelle son évolution( aujourd’hui il a viré au jaune serin, bientôt il devrait disparaitre).

Le petit déjeuner est un cérémonial qu’il faut organiser et synchroniser au poil près, il m’a fallu quelques expériences hasardeuses pour parvenir à le mettre au point. Premièrement on sort tous les ustensiles et les ingrédients, mais on les coince dans l’évier (sur la table ils risqueraient de faire la java), ensuite on met le feu sous la bouilloire. Une fois que c’est chaud, on verse le liquide brulant en faisant bien attention de ne pas le faire dans le sens de la gite, c’est-à-dire le bec pointé vers l’avant du bateau, la tasse tenue de l’autre main dans l’évier (sinon elle valse), et là, merci Kathy, on remet le couvercle sur la tasse balin- balan que l’on coince dans l’évier au milieu du reste. Enfin on prend sa tasse d’une main, ses biscuits de l’autre (il faut faire son deuil de tartines beurrées avec confiture, trop compliqué!), et on va vite se coincer dans un coin pour gober le tout le plus rapidement possible.P1050270.JPG

 

La traversée sera malgré tout relativement calme, je finirai par m’habituer au balin balan, tout en jurant comme un charretier. Je sortirai de plus en plus pour aider Doudou, mais il y a une chose que je ne peux faire c’est l’aider à ferler la grand voile, je ne suis pas stable en haut, et je ne suis pas assez grande, une fois j’ai même failli passer à la baille, et pourtant ça ne bougeait pas des masses. Depuis je m’abstient. Il faut savoir que si il y a une chose qu’il faut éviter à tout prix en mer c’est d’aller te baigner quand c’est pas le moment. Si tu tombes à l’eau, tu es mort, ça va tellement vite et les creux sont tellement importants que tu disparais en 30 secondes. Il parait qu’il y a des manœuvres à faire, mais je n’y crois pas beaucoup... Moralité tu dois t’accrocher à ton bateau comme une moule à son rocher. Le bateau c’est ton ami, celui qui te permettra d’arriver à bon port, tu dois l’aimer, le bichonner, l’écouter, et le soigner quand il est malade ou quand il a un accident. Mon Capitaine me dit toujours qu’il passe avant tout. Proverbe de merrien : « une main pour le bateau, une main pour toi, et si le bateau souffre, rajoutes y deux doigts. »

J’ai été étonnée d’être aussi sereine pendant ce voyage, je m’en était fait toute une montagne et je constate que je me sent bien au milieu de l’eau, l’immensité de l’océan ne me fait pas peur, ce qui me pourri l’existence, c’est comme toujours l’anticipation négative du mauvais temps, heureusement que Mon Capitaine reste Zen dans l’orage, moi je ne peux toujours pas assumer, il faut que je trouve la recette. En fait je l’ai quelque fois pratiquée, il suffit que je sorte et que j’agisse sous les ordres de Doudou plutôt que de rester à l’intérieur à imaginer un extérieur démoniaque !!! Il en a été de même dans ma vie. Dans les pires instants de ma petite existence, j’ai toujours remonté la pente grâce à l’action, si je restai là à me lamenter sur mon sort, le plongeon pouvait atteindre des abimes indéfinies. Mais en me donnant un coup de pied au popotin, je redémarre et ça fini toujours par passer. A la mort de mon père j’ai repris l’école d’infirmière au bout d’une semaine, peut-être même moins, je ne me souviens plus très bien. Il va donc falloir que je me botte l’arrière train !!!

La nuit aussi je suis paralysée par je ne sais quoi, ce qui fais que je pointe le bout de mon nez pour faire mon tour toute les 20 minutes les rares fois ou je suis de veille, Quand la lune n’est pas au rendez vous et qu’il fait tout noir, c’est encore pire. Une nuit je suis sorti et me suis allongé pour regarder les étoiles, au début c’était beau, puis à force de fixer la voute céleste j’ai eu l’impression d’être aspirée par le cosmos, et j’ai déliré sur l’infiniment grand et l’infiniment petit de Tonton Blaise, PASCAL de son patronyme. Et pourtant je n’avais pas fumé la moquette. Depuis je préfère être accompagnée par Doudou la nuit. Mais on a pu avoir quelques nuits de dodo tous les deux, le SWEY étant bien réglé aux petits oignons par Le Capitaine, Mer-Veille branché pour les cargos (il ne sonnera qu’une ou deux fois durant tous le voyage, et nous ne sommes pas sur leurs routes.), le seul risque étant les voiliers qui eux n’ont pas de radar, mais nos routes ont peu de chance de se rencontrer puisqu’on va tous dans la même direction, on doit compter sur les doigts d’une main les rencontres de très loin.

 

 

La casse.

Bien entendu on n’a eu quelques petites choses qui ont cassé. Je ne le savais pas, mais Doudou me dit que c’est normal dans une traversée. Le premier petit tracas a été résolu la nuit pendant que je pionçais. Il s’agissait d’une manille d’écoute de grand voile. Mais la deuxième fois j’étais là, et bien réveillée, c’était une toute petite goupille de mouche qui maintient grosso modo la rotule de bôme de grand voile ( en terme technique pour les puristes, le vit de mulet), bref elle était out !!! C’est la fin des haricots, ça y est il ne manque plus que le génois lâche. Toujours mon optimisme naturel, heureusement que Zorro était là, il ne s’affole pas du tout et trouve des solutions dans ces nombreuse males aux trésors. Nous voilà donc en pleine nuit en train d’affaler la grand voile, et la démonter pour la ficeler sur la baume, la réparationIMGP0246.JPG interviendra le lendemain matin, quand le soleil sera levé. Ouf !!! On va pouvoir continuer, heureusement qu’il est là mon Capitaine et qu’il trouve toujours une solution à tout !!!

Nous avons eu des problèmes d’usure de l’écoute de génois sur la filière, à résoudre en escale, gainer la filière avec un tube pvc ?

Usure aussi de la grand voile sur les barres de flèches, avec petite déchirure, à résoudre aussi au carénage, il faudra monter au mat et mettre de protections cuir ou autres sur les barres de flèches.

 

Les grains.

C’est un petit phénomène dont j’avais entendu parlé mais que je n’avais point pratique en milieu équatorial. Et bien c’est fait!!! Certains sont gentil, mais d’autres sont assez musclés et franchement pas sympa. Il s’agit donc de charmant petits nuages choux fleurs à fonds plats que l’on voit toute la journée, et qui viennent en général vous crever au dessus de la tête, la nuit de préférence, mais ce n’est pas une règle d’or, ils leurs arrivent de le faire de jour. Le phénomène est en général bref, mais il peut y en avoir plusieurs à la queue leu leu. Ils sont bien souvent accompagnés de vents bien musclés. Pour mon premier, il a bien entendu été musclé, et comme d’hab j’ai lancé le cris de guerre : mon appel à San Génaro. Mais je n’ai même pas eu le temps de me lamenter qu’il était déjà parti comme il était venu, avec le vent….

 

L’espace temps.

Durant notre voyage on a rajeuni de 3 fuseaux horaires, tous les 10 degrés de longitude on retirai une heure à l’horloge de bord. Mais cela n’a pas été du tout perturbant, étant donné que l’on vit au rythme du soleil. Les 2, 3 premiers jours ont été difficile du point de vue sommeil, mais par la suite on trouve sa fréquence, on dort quand on peut mais souvent quand on en a besoin, et les besoins sont moins grands vu que le métier de mataf se passe la plus part du temps à avoir le derrière posé un peu partout sur le bateau. Sauf quand il y a du mauvais temps ou des réglages à faire.

Le temps libre est important, j’ai donc été prise de bouquinite aigue, moi qui déteste la lecture, qu’est-ce-que j’ai pu avaler comme pages !!! Même les recettes de cuisine !!! Je passe des heures à étudier les cartes. J’essaie de réaliser les recettes en question, sauf quand ça bouge trop, là c’est tambouille en boite obligatoire, mais ça n‘a du se produire qu‘une fois ou deux. Je coiffe mon Capitaine, je voudrai même lui faire des tresses !!! Mais il ne se laissera pas faire. On jouera au Scrabble, et j’y prendrai gout. Merci La Mère Noël !!! Je resterai des heures à écouter mes musiques préférées avec les bouchons sur les oreilles, tout en divaguant sur les flots, merci mes Petits Lézards de La Lézardière. 

 

Les rares Zanimaux.

A croire qu’ils sont tous au fond des abysses, durant cette longue route nous n’avons pas croisé grand monde.

Quelques petites fées clochettes (de leur vrai nom : exocets, appelées Poisons Violents par le Capitaine) . Quelques unes venaient toutes les nuits mourir dans une envolée finale sur le pont, j’en ai gardé quelques unes dans leur sarcophage (un vulgaire paquet de clopes). Mais je prend toujours autant de plaisir à les observer faire des loopings au dessus des vagues. Et plus les vagues sont hautes et musclées plus les demoiselles s’en donnent à cœur joie.P1050177.JPG Certaines se prennent même des claques phénoménales dans une vague friponne. Bien entendu, je n’ai même pas essayé de les photographier, elles font leurs stars les belles. Elles n’apparaitront pas dans le mondialement connu, blog du petit SWEY !!!

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Mon premier paille en queue.

Un paille en queue ! Un paille en queue !  Criait Le Capitaine, je laisse tomber mon bouquin pour aller observer la chose. Le damoiseau a la particularité et l’élégance d’avoir une queue constituée apparemment d’une plume unique et démesurément longue. Il n’est pas sauvage et virevolte volontiers autour du bateau.

Il était là, juste au dessus de nos têtes, volant de ci de là, peut-être va-t-il se poser sur le mat, vite l’appareil, mais on ne réussira qu’à tirer une ou deux photos potables. Lui, figurera dans notre album. Décidément je tire mon chapeau aux photographes animaliers.

 

La pêche.

Le capitaine ne voulant pas bouffer du poisson tous les jours, par solidarité merrienne, et les menus du bord étant satisfaisants, on ne pêchera qu’une seule fois à la demande de la cuisinière. Et ça ne tardera pas, bingo! Une daurade coryphène, que je m’empresserai de débiter en énormes filets. Il y en aura pour 4 repas. A la provençale, à la crème, sauce curry, sauce à ma façon ….

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Opération bouteille à la mer.

C’est La Katiouchka qui m’a susurré l’idée, via inter net. On a donc accomplie la chose avec, désolée c’est la seule qu’on avait sous la main, une bouteille en plastique. Passé mi parcours, On rédige le texte en 3 langues et laissant nos coordonnées mails ainsi que les tiennes Kathy. Et hop, un plongeon, elle disparait en moins de 30 secondes. Bon voyage ma belle, et on espère bien que tu seras notre lien avec quelqu’un, là bas, on ne sais où, on ne sais quand, peut-être aurons nous 90 balais quand tu tomberas entre les mains de ton destinataire ou au fond du ventre d’un requin blanc ? A suivre …….

 

Terre!!! Terre!!! Et hop double ration de Rhum !!!

On approche du but, et je commence à compter les jours, les distances, je calcule notre moyenne sur la traversée de manière à savoir à quelle heure on arrivera environ, nous ne voulons pas arriver de nuit car il y a quelques petits cailloux sur notre route d’atterrissage !!! Les arrivées en terrains inconnus sont toujours source de tension, car les cotes sont toujours plus dangereuses par mauvais temps et de nuit, mieux vaut dans ces cas là être au milieu de l’eau !!!  Mais comme d’hab, d’après nos calculs on devrait arriver de jour, sauf que Eole n’est pas d’accord, c’est à partir de 20H que l’on va subir, moi en tout cas, une nuit complète de grains musclés incessants avec des vents oscillants entre force 4 à 7. Notre vitesse décolle comme une fusée et on va arriver en pleine nuit, il faudra donc tout affaler et réduire le génois à la taille d’un timbre poste afin de freiner au maximum. De surcroit on doit un peu se dérouter au Nord pour passer ce P …. de cailloux dénommé, Roche Table, je vous laisse imaginer la taille de l’engin, pas éclairé bien entendu, et plat comme son nom l’indique. J’ai passé mon temps entre la carte, l’ordi qui dans ces cas là nous est bien précieux, et dehors, un peu, pour aider Mon Capitaine. Finalement nous passerons cette P….. de Roche Table sous un ciel orageux mais de jour !!! Ouf !!! Bienvenue aux Antilles, moi qui avait préparé l’appareil photo la veille, c’est râpé !!! Les îles sont là, mais le soleil, lui, n’y est pas !!!Je suis d’humeur grognonne car bien entendu, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, et moi qui imaginais la plage, les cocotiers, et le soleil !!!  Décidément, les projections, qu’elles soient dans le positif, comme dans le négatif, sont toujours source d’erreurs complètes !!! Il va falloir que j’apprenne, comme je le disais si souvent à mes patients, à vivre l’instant présent, à l’accepter, voire l’apprécier s‘il est bon, et à le laisser passer ….

 

Bienvenue au pays de l’autre fromage ….

C’est coté hollandais, à Groot Baai, Philipsburg, sur l’île de Saint Martin, au Nord de La Guadeloupe que nous poserons notre ancre.

Et puis, bonne nuit les petits, gros dodo, une fois que l’on aura accomplie le minimum syndical à bord ….

ZZZZZ …… ZZZZZZZ ……..ZZZZZZZZ ………. ZZZZZZZZZ ………. ZZZZZZZZZZ …………..

Les deux marmottes ne referont surface que le lendemain matin, je ne me souviens même pas avoir mangé?

On est dans une baie où atterrissent tous les paquebots du monde, ça gesticule dans tous les sens, des navettes à longueur de journées !!! Hou! Les abeilles nous montent, on ne va pas s’éterniser dans ce lieu de « déperdition » !!! On ne posera même pas le pied à terre, et on repartira deux jours plus tard jeter la pioche un peu plus loin, toujours coté hollandais, à Simson Bay. Pas de paquebots en vue, mais je reste un peu désolée, pas de cabanes sur la plage, pas de cocotier… Mais, passez moi l’expression, «un bronze cul » comme on peut en voir coté St Trope en France. Mais je vous garde le meilleur pour la descente à terre !!! Saint Tropez, c’est est un boui boui de prolos à coté !!!!

C’est donc dans l’après-midi que l’on pose le pied sur le sol. Et là, je n’ai jamais vu ça !!! Autant de paquebots de milliardaires flambants neufs concentrés sur une si petite moitié d’île, il doit y en avoir une centaine de quoi nourrir l’Afrique pendant 100 ans !!! Et je ne suis pas de Marseille !!! La boufaïsse (terme provençal pour exprimer une colère plus que rouge vif qui vous monte), commence à m‘envahir, moi qui ai vu la misère du Sénégal !!! Mais la suite n’est pas piquée des vers, pour les formalités et donc avoir le droit de respirer l’air de Hollande, il faudra nous acquitter d’une taxounette de 40 dollars par semaine, on ne restera pas plus d’ailleurs !!! Bienvenus à pognon’ land !!!

Il faut tout de même faire quelques courses, pas de petits marché local, que des superettes tenues par des chinois pas sympas et voleurs en bandes organisées. Je tremble en passant la porte d’entrée, je m’attend au pire. Mais c’est plus que le pire de tous mes cauchemars : la plaquette de beurre à 6 $, le pot de Nutella (médicament de mon Capitaine) à 10 $  etc… On ressortira avec vraiment le minimum syndical, et je composerai les menus du bord en fonction, du riz, des pates, du poulet de classe A (adieu les petits poulets fermiers de mon petit boucher populaire à Toulon).

Et, explication de notre retard pour le blog, l’heure d’internet à 10 $, sachant qu’on doit y passer quelque heures, faite le compte ….. On repartira coté français 4 jours plus tard, mais je vous laisse la surprise, ce sera pour le mois prochain, en attendant essayez d’imaginer ….

 

A bientôt…. La Eve qui continue tout de même de rêver …..  

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